Les échos de Highcity

2ème numéro - Janvier / Février 2305

S'il te plaît, raconte-moi une histoire

Highcity, légende d'une fondation (1/2)

Histoire écrite à plein de mains

 

Janvier 2304. La capsule n°371 en provenance de la Terre

se posa avec grand fracas sur le tout jeune continent Hertang.

A l'intérieur, les nouveaux pionniers exolandais sortirent de leur transe d'hibernation, réveillés par le bruit, la secousse et, accessoirement, la sonnerie stridente de leurs réveils individuels. Une nouvelle vie commençait pour eux.

Farks, qui allait être - mais on ne le savait pas encore - le premier habitant de notre cité, tira la chevillette pour que la bobine cherre, et la porte s'ouvrit doucement, révélant aux yeux de nos pionniers un paysage magnifique, sans pollution ni déchets nucléaires, ni déchets en général d'ailleurs... En fait c'était un paysage parfait.

Les pionniers ne savaient pas a quoi s'attendre donc ils tirèrent la courte paille pour savoir qui irait découvrir ce nouveau monde et mènerait la première expédition. Par le plus grand des hasards et aussi parce que c'est écrit dans l'histoire, ce fut notre ami Farks qui l'emporta.

Après s'être préparé, il explora les alentours avec une vive curiosité, les sens en éveils...

- Ca sent le sapin , marmonna-t-il. Il faut dire que Farks était un bûcheron hors pair, spécialiste du sapin, sur son ancienne planète.

A peine avait-il fait deux mètres, qu'il s'affala par terre, se faisant une vilaine blessure. Tout d'un coup, il entendit un bruit. En fait il s'était tellement blessé qu'il entendait des voix, de magnifiques petites voix qui lui rappelèrent sa vie sur la Terre (O toi, nostalgie!).
 

Ces voix l'entraînèrent dans un rêve merveilleux... Il flottait au-dessus des nuages, et là-bas, au loin, en une vison fugitive, il aperçut un sommet montagneux dont les pentes couvertes de neige scintillaient au soleil.

Une giclée d'eau le ramena soudainement à la réalité. Ca sentait toujours le sapin. Les autres le regardaient, un peu inquiets. Hormis un air béat inhabituel chez lui, il avait l'air à peu près normal.

- Il faut monter, tout là haut! dit-il en pointant du doigt la chaîne de montagne qu'on voyait au loin, de l'autre côté de la baie.

- Là haut? Mais... si loin?

- Et comment fera-t-on pour construire une gare, un aéroport, en montagne?

- Et puis là haut, il doit faire froid, il doit neiger tout le temps, et pour les cultures?

- On se débrouillera. Je vous assure, il FAUT aller là bas.

- ...

- Au fond, moi, la montagne, ça m'a toujours attirée, opina Bal, l'une des exploratrices.

- Et puis regardez, renchérit un autre. Ici, tout est déjà découvert, les boutiques sont déjà florissantes... Où est votre sens de l'aventure? Allons, en route! Hauts les coeurs!

Ils rassemblèrent donc leurs vaches et lamas et partirent à la conquête de cette fameuse chaîne de montagne. Ils découvrirent en chemin des traces de toutes sortes d'animaux : ours, sangliers...

Soudain, la blessure de Farks le relança et il se plaignit de douleur :

- S'il vous plait, arrêtons nous un moment, je ne me sens pas bien.
- Ce n'est rien voyons, on soignera ça dès qu'on sera arrivé,
dit Bal.
- Mais je vous dis que je peux plus me déplacer.
- J'aimerais mieux avancer encore un peu, il y a des bruits étranges par ici...

Un cri inhumain fut alors poussé par Farks. Un cri du genre "YAAAAAAAAAAAAAAARRRRRK". Ce cri fut si terrifiant qu'il fit s'envoler les oiseaux de la forêt voisine.

 

C'est alors qu'un homme sortit de l'orée de la forêt et les interpella.

Il portait une chemise, un short et des tongs. Oui, des tongs.

(NDLR : non, pas roses à paillettes)

- Qu'est-ce qui se passe ici ?

En fait, la traduction nous rapporte aujourd'hui cette phrase qu'il a dite, mais celle qui sortit de sa bouche à ce moment précis ressemblait plutôt à :

- Koicèss-ké sy pousse en dsoutte-dmyjambons?

Cet homme, si on peut appeler ça un homme, était un authentique habitant de la montagne, un vrai de vrai. Ayant senti son aura troublée par le déplacement des animaux que le cri de Farks avait fait fuir, il s'était tout de suite dirigé vers les extra-exolandiens.

Il se trouve que ce cri que Farks avait poussé, il l'avait fait pour une raison bien précise... En effet, lui, qui était souvent sujet a de grosses pulsions l'entraînant dans des rêves prémonitoires, connaissait l'existence de ces êtres étranges qui parlaient avec un accent du pays.

Farks prit la parole:
- Bonjour étranger, je sais que tu peux me comprendre.

Cette phrase laissa sans voix ses compagnons qui ne comprenait pas la soudaine aisance de leur meneur, lequel souffrait pourtant quelques secondes auparavant de son entaille au genou. Apres quelques instant où "l'homme-chose" paraissait se gratter les cou... enfin se gratter, Farks reprit:

- Conduis-nous au toit de cette terre.

Alors, " l'homme-qui-se-grattait" leur fit signe de le suivre et entreprit de grimper le long du sentier abrupt. Après quelques minutes, l'homme avait déjà pris beaucoup d'avance sur nos compagnons. Il connaissait parfaitement le terrain, l'emplacement de chaque souche (puisque c'était lui qui avait coupé tous les arbres (pour qu'il y ait des souches, il faut couper des arbres non?)), chaque roche (puisqu'il était aussi mineur à l'occasion).

Alors qu'il devait avoir une dizaine de mètres exolandais d'avance, Farks, n'en pouvant plus de sa douleur s'effondra. Sans même regarder derrière lui, l'homme s'arrêta aussitôt. Il n'avait rien entendu de la chute de Farks, mais simplement il l'avait ressentie. Ils étaient liés...

Ils étaient liés certes, mais surtout l'homme avait une envie pressante ! L'homme qui se grattait les cheveux avec l'orteil fit une pause pour se gratter plus confortablement, ses dons de contorsionniste laissant nos explorateurs sans voix. En effet, même dans leur capsule spatiale et en apesanteur, ils n'auraient jamais osé essayer de se gratter le cuir chevelu avec les pieds.

Mais Farks, toujours aussi à l'aise avec l'autochtone à la colonne vertébrale en caoutchouc lui demanda :

- Hé l'ami, c'est l'air de la montagne qui te permet ces prouesses physiques ?

- Beeeee nan Estranger! c'étion not' bonne viande eud'laping qui me rendions souple à c'te point! Et la cervoise blanche bien tiédasse aussi!

Ainsi, les pionniers découvrirent-ils une partie du secret de Weedhill. Et poursuivant leur ascension vers les sommets enneigés, chacun d'eux se prenait à rêver qui de chasse en forêt, qui de recettes de gibier à la bière, qui de bière blanche bio bien tiède... et perdus dans leur rêverie, ils ne virent pas le ciel s'obscurcir, ils ne firent pas attention au soudain silence des oiseaux dans les arbres, ils ne virent pas arriver la tempête et...

Et ... ? La suite au prochain épisode ! :o)

Dans notre prochaine édition, découvrez comment nos héros rencontrèrent le légendaire lama rose des montagnes, et ce qu'il advint d'eux sous cette tempête !

 

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